Chevalier Templier : épée, dague, pièce d'armure

Au XIIIᵉ siècle, certaines maisons du Temple ne se limitaient pas aux chapelles et granges. À South Witham, les archéologues ont mis au jour un moulin à eau complet, avec étang de retenue, digue de près de 45 m, bief, roue en bois et vannes, relié à une série de viviers pour l’élevage de poissons. À Eagle Hall, l’enceinte conserve encore des étangs et fossés de contrôle, intégrés à l’exploitation agricole. Ces ouvrages s’inscrivent dans une pratique médiévale répandue: gérer l’eau pour produire farine, stocker de la protéine halieutique et sécuriser des rentes, grâce aux droits de moulin et à la vente du poisson. Bref, les Templiers furent aussi des aménageurs hydrauliques, héritant et perfectionnant un savoir-faire monastique... efficace et discret.

En janvier 1129, le concile de Troyes fixe la Règle primitive du Temple, un texte latin annexé au procès-verbal qui organise vie commune, vœux et discipline d’une fraternité de chevaliers repentis, plus monastique que seigneuriale. Dans le même horizon intellectuel, Bernard de Clairvaux compose peu après son traité De laude novae militiae, donnant sens théologique à la « nouvelle milice ». Dix ans plus tard, le 29 mars 1139, la bulle Omne datum optimum d’Innocent II consacre juridiquement l’Ordre ; protection directe du Saint-Siège, exemption des dîmes, chapelles et sépultures propres, prêtres de l’Ordre, élection du maître réservée à l’intérieur, interdiction d’imposer un supérieur extérieur. En pratique, les Templiers ne relèvent plus des évêques ni des seigneurs locaux ; ils deviennent une militia Christi opérant sur deux registres, contemplatif et militaire. Ce diptyque concile + bulle fonde le modèle des ordres religieux-militaires du XIIᵉ siècle.

Au cœur des croisades, deux ordres militaires dominent : les Templiers, fondés en 1129, et les Hospitaliers, établis dès 1113. Bien qu'unis par la foi et le combat, leurs relations oscillent entre coopération et rivalité.
Sur les champs de bataille, ils combattent côte à côte, comme lors de la bataille de Montgisard en 1177, où les Hospitaliers, sous la direction de Roger de Moulins, et les Templiers s'unissent pour vaincre Saladin. Cependant, des tensions surgissent, notamment en 1179, nécessitant l'intervention du pape Alexandre III pour instaurer une trêve entre les deux ordres.
La rivalité culmine lors de la bataille de La Forbie en 1244, où une coalition chrétienne, incluant Templiers et Hospitaliers, subit une défaite écrasante face aux forces ayyoubides. Cette défaite marque un tournant, affaiblissant durablement la présence chrétienne en Terre sainte.
Malgré leurs différends, les deux ordres partagent un destin commun. Après la dissolution des Templiers en 1312, leurs biens sont transférés aux Hospitaliers, renforçant ainsi la puissance de ces derniers.