Katanas aiguisés, sabres des samouraïs

Dans l’art de la coupe, la vraie « force » n’est pas musculaire, elle est géométrique. Le hasuji, l’alignement du fil avec la trajectoire, décide si la lame fend ou arrache. Une légère composante de slice (tirer ou pousser d’un rien pendant le contact) allonge la coupe et réduit la résistance. La zone la plus efficace reste le monouchi, le dernier tiers de la lame; le tenouchi temporise la fermeture des mains pour figer l’angle au moment précis de l’impact. La vitesse utile naît d’un corps détendu qui s’organise, pas d’un bras crispé. Côté technique, le niku (bombé) évite que la lame « colle » et le polissage traditionnel aligne les plans et le fil ; au-delà d’un certain seuil, plus d’affûtage ne sauve pas un angle mal tenu. Déjà popularisé à l’époque d’Edo (XVIIᵉ siècle) par le tameshigiri, ce principe reste la clé aujourd’hui... couper net, c’est d’abord couper droit.

La célèbre courbure du katana n’est pas qu’une question de style : elle naît d’une ingénierie aussi élégante qu’efficace. Lors de la forge, le maître forgeron applique une couche d’argile plus fine sur le tranchant que sur le dos de la lame. Lors de la trempe, le tranchant refroidit plus vite, créant une structure plus dure (martensite), tandis que le dos reste plus souple. Ce choc thermique provoque une tension interne... et donne naissance à la courbure naturelle du sabre. Résultat : un équilibre parfait entre puissance de coupe, solidité et flexibilité.
Le katana devient ainsi une arme vivante, née du feu et de l’intelligence, aussi mortelle qu’harmonieuse.